L’année 2021 démarre sur le front de la lutte contre la Covid-19. Cette nouvelle année doit être celle d’une inversion : après avoir été contraints à réagir pour nous défendre, nous allons pouvoir agir et, grâce aux vaccins, passer à l’offensive.

Pourtant, le lancement de la campagne de vaccination a souffert de deux défauts.

Le premier a résidé dans ce qui semble être une erreur de jugement : à trop craindre l’opinion marquée par la défiance, l’impression aura été donnée d’un excès de prudence ayant prêté le flanc à la suspicion.
• Le second a porté sur un début de mise en œuvre excessivement procédurière de la stratégie annoncée de longue date, jusqu’à laisser penser que ce n’était pas la bonne.

Sur le premier point, il convient de rappeler que la vaccination n’est pas une option. Elle n’est pas et ne sera pas obligatoire, mais elle sera massive quand même ou ne permettra pas de nous en sortir. Cessons de nous focaliser sur la part de la population qui la craint et misons sur celle qui l’attend avec impatience. C’est à elle que nous devons nous adresser : oui, vous serez vaccinés, dans l’ordre de passage qui porte en priorité sur les personnes les plus à risque de forme grave.
Sur le second point, il convient de rappeler qu’une stratégie qui échoue, dans le monde de l’entreprise ou dans n’importe quel domaine, est le plus souvent mal mise en oeuvre sans que cela ne discrédite sa pertinence. Notre stratégie consiste à endiguer le flux de patients qui se retrouvent en réanimation voire qui meurent de la maladie : c’est par ces personnes qu’il convient de commencer. Mais rien n’excuse les excès de prudence et de précautions procédurières dans un contexte qui demeure d’urgence.
La note ci-dessous synthétise les informations dont, à date, je dispose pour répondre à la plupart des questions qui se posent un peu partout.
Après une année 2020 qui nous a obligés à consacrer beaucoup d’énergie à réagir plutôt qu’à agir, je souhaite que 2021 soit une année qui vérifie l’adage : « Un tiers en réaction, deux tiers en extension. » Nous devons, pour avancer, pour créer, pour réussir, toujours consacrer deux fois plus d’énergie à ce qui avance que d’énergie à ce qui résiste.

La stratégie vaccinale française de lutte contre la Covid 19 est basée sur les recommandations préliminaires de la Haute Autorité de Santé (AHS) du 30 novembre 2020.

Cette stratégie a été construite avec les médecins sur la base des recommandations sanitaires qui font suite à des dizaines de réunions avec les médecins et associations de patients, lesquels ont approuvé cette stratégie.

Elle doit se dérouler, par ordre de priorité, en 5 phases :

• Phase 1 : les personnes âgées en établissements (EPHAD)

• Phase 2 : les personnes de plus de 75 ans, puis les personnes de plus de 65 ans, puis les soignants de plus de 50 ans ou présentant des comorbidités

• Phases 3, 4, et 5 : élargissement de la vaccination à toute la population

Il n’y a pas suffisamment de doses pour vacciner tout le monde en même temps. Ce sont donc les plus vulnérables et ceux qui sont le plus à risque de contamination car vivant en groupe (pour info, neuf morts sur dix en France liés au Covid-19 ont plus de 65 ans et 1/3 d’entre elles sont en EHPAD)

L’objectif est de faire vacciner au moins 15 millions de personnes d’ici l’été.

Cette campagne de vaccination sera basée sur le libre choix des personnes, le respect du secret médical, la traçabilité et la gratuité.

• Nous sommes actuellement dans la phase 1 qui concerne :Les résidents volontaires des EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et Unités de Soins Longue Durée (USLD) par priorité mais également les personnes âgées des autres lieux d’hébergement (résidences autonomie et résidences séniors)

• Les professionnels volontaires, exerçant dans ces établissements, présentant un risque de forme grave de Covid 19

• Les autres personnels volontaires pour les doses de vaccins non utilisées par les 2 précédentes catégories (décision de la HAS du 17/12/2020)

Le calendrier

Mi-janvier : 300 EHPAD et USLD auront reçu le vaccin.

Fin janvier : les 10 000 EHPAD seront fournis en vaccins.

Début février : 2,5 millions de doses (2 millions de doses sans les pertes pour 1 millions de personnes vaccinées car 2 doses)Nous serons ainsi au même niveau que les autres pays européens

La Phase 2 doit commencer à partir de février pour les personnes de plus de 75 ans puis celles de plus 65 ans et enfin les soignants de + 50 ans mais une accélération a été prévue pour ces soignants de + de 50 ans ou qui ont une comorbidité (1,2 millions de personnes) => la vaccination commencera dès aujourd’hui en centre de vaccination.

Pour ce faire, un hôpital par département proposera la vaccination aux professionnels de santé́, et d’ici mi-janvier, ce sont environ 300 points de vaccination (certains dans des hôpitaux, certains en ville) qui seront ouverts à ces professionnels.

A compter de début février, ces points de vaccination seront démultipliés (autour de 600 en France) et seront ouverts aux personnes âgées de plus 75 ans.

Dès que le vaccin AstraZeneca arrivera sur le marché́, celui-ci sera disponible dans toutes les pharmacies et pourra être administré par un médecin traitant, à côté de chez soi (il s’agit d’un vaccin plus « classique », avec moins de contraintes de conservation, pouvant donc être distribué plus facilement).

Les opérations de vaccination

Elles sont, au sein des établissements, pilotées par un comité composé du directeur de l’établissement, médecin coordinateur, médecin référent covid 19, cadre de santé ou infirmier diplômé d’état coordinateur (IDEC), coordinateur administratif.

Une étape d’information et de concertation est préalablement mise en place à destination des résidents et leurs familles, professionnels de santé et professionnels de l’établissement, instances représentatives et élus locaux.

L’ensemble des données relatives à la vaccination sera retranscrit dans le dossier médical du patient et dans le système d’information et de suivi de la vaccination VACCIN-COVID, système auquel accédera le professionnel de santé après s’être identifié.

Les données saisies concerneront l’identification du patient, les opérations de pré-consultation et d’injections (numéro de lot, date et heure d’injection, zone d’injection, type de vaccination, coordonnées du professionnel vaccinateur etc…) et ne devront jamais être communiquées à une personne non autorisée.

Le vaccin a démontré une efficacité importante contre les risques de développer la maladie mais on ne dispose pas encore d’informations sur l’impact du vaccin sur la transmission du virus.

Les opérations de vaccination s’effectueront en 3 temps :

• Consultation pré-vaccinale

Le médecin traitant ou, à défaut, le médecin coordinateur ou encore tout autre médecin informe le patient des risques/bénéfices de la vaccination et contre-indications.

Il recueille son consentement oral qui doit être libre et éclairé.

Cette consultation pourra se dérouler sur place ou à distance (avec ou sans vidéotransmission) mais 5 jours au plus tard avant la vaccination (ce délai permet d’ajuster le nombre de doses nécessaires à destination des établissements).

Une liste des résidents et professionnels à vacciner est dressée à l’issue des consultations pré-vaccinales.

• Vaccination

Elle se réalise sur prescription médicale.

Une vérification des éventuelles contre-indications temporaires est réalisée par un(e) aide-soignant(e) sous supervision d’un Infirmier(e) Diplômée d’Etat (IDE).

La préparation et l’administration du vaccin est faite par l’IDE, en présence d’un médecin dans l’établissement.

La vaccination s’effectue en 2 injections. La 2e injection de rappel intervient 21 jours après la 1e.

Les injections sont réalisées dans un local adapté ou en chambre (en fonction de l’état de dépendance du patient) : C’est le choix français de faire venir le vaccin à la personne âgée et non le contraire (différence avec les autres pays).

Le patient portera un masque chirurgical et le professionnel de santé un masque à usage médical.

En cas de difficulté organisationnelle relatives aux aléas propres au vaccin (livraison insuffisante/trop importante, date de péremption, problème de traçabilité de la température du vaccin…) ou à l’établissement (absence de personnel, évolution de la situation épidémique au sein de l’établissement), l’Autorité Régionale de Santé et l’astreinte gériatrique de territoire de l’établissement « hotline » doivent être joints.

Le certificat de vaccination est généré par VACCIN COVID.

• Consultation, consentement et vaccination pourront avoir lieu sur la même journée.

• Suivi post vaccinal

En cas de constatation par l’équipe soignante d’effets indésirables après vaccination, le médecin coordinateur ou traitant le déclare via le téléservice VACCIN COVID ou le portail des signalements

https://signalement.social-sante.gouv.fr/psig_ihm_utilisateurs/index.html#/accueil)

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a mis en place différents outils pour renforcer sa surveillance du risque d’effets indésirables (tableaux de bords de surveillance, enquête de phamacovigilance pour suivre en temps réel les déclarations d’effets indésirables, remontée des cas graves/marquants ou erreurs, veille scientifique, comité de suivi vaccins covid 19, publication sur son site internet du rapport de pharmacovigilance après chaque comité de suivi)

***

Actuellement le vaccin Pfizer-BioNTech est utilisé.

Le vaccin Moderna bénéficie d’une logistique plus simple car il se conserve plus facilement (à -20°C plutôt que – 80°C). Il devrait bénéficier d’un avis de la HAS cette semaine.

Le vaccin Astra Zenecca devrait arriver au printemps dans les pharmacies et chez les médecins de ville.

Protocole du vaccin Pfizer-BioNTech• Le stockage du vaccin s’effectue à -80°C dans un nombre restreint d’établissements.

• Les flacons décongelés sont mis dans un emballage adapté, muni d’un système d’inviolabilité, pour être transporté en camion frigorifique jusqu’au point de livraison (l’acheminement ne doit pas dépasser 12 heures entre +2°C et +8°C)

• Après décongélation, le délai de conservation du vaccin non reconstitué dans une enceinte réfrigérante conditionnée ou dans une mallette réfrigérante est de 5 jours entre +2°C et +8°C (comprenant les délais de livraison et d’administration du vaccin).

Le lieu de stockage, inaccessible au public et/sécurisé, est muni d’un thermomètre avec un système de traçabilité et d’enregistrement des températures.

En cas d’absence de système automatisé, les températures sont vérifiées et enregistrées 3 fois/ jour (matin, après midi et nuit).

• Une phase de reconstitution du vaccin a lieu : Il s’agit de l’injection d’un solvant (chlorure de sodium) dans le flacon de vaccin qui est retourné 10 fois.

Pour pouvoir être reconstitué, le flacon de vaccin doit être dans une zone réfrigérée (entre +2°C et +8°C ) depuis au moins 3 heures

.• Un flacon reconstitué donne une contenance supérieure à 5 seringues qui seront étiquetées et préparées sur un plateau.

• Après reconstitution, la durée de conservation du vaccin est de 6 heures entre +2°C et +25°C

***

Une chaîne logistique au plus proche des circuits logistiques habituels :

• Un Flux A (pour les établissements ne relevant pas du flux B).

Ce flux passe par les plateformes de phama-logisticiens (capacités de stockage à -80°C) pour alimenter :• Directement les établissements pourvus d’une Pharmacie à Usage Intérieur (PUI)

• Indirectement, par le biais d’une officine de référence désignée, les établissements non pourvus d’une PUI

• Un Flux B qui passe par les 100 Etablissements Publics de Santé (EPS) dits « pivots ».

Ces établissements ont des PUI (lieu de stockage à -80°C et de décongélation) et alimentent :

• les établissements identifiés par l’ARS comme disposant d’une PUI habituellement livrés par ces « pivots »

• les établissements publics autonomes (en cas d’accord avec l’ARS) dans le périmètre du Groupement Hospitalier de territoire ou au-delà en cas de circuit logistiques existants ou faciles à activer.

Les livraisons sont effectuées par 3 rotations :

•  Une première livraison sur la base des besoins exprimés par les établissements

•  Une deuxième livraison, 3 semaines après la première, pour la 2e injection et pour une dotation complémentaire permettant de satisfaire le besoin non couvert par la première livraison ;

• Une troisième livraison pour l’injection rappel des personnes ayant reçu leur première injection lors de la deuxième livraison


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