En mémoire de Martin Schwartz

Elle raconte alors aux deux hommes le contenu de son échange avec Rohmer. Shane, passionné par ce récit, pose le plus de questions. Puis Lucille presse Kruger de leur en dire davantage sur les derniers échanges de son grand-père avec son entourage. Elle vérifie ainsi qu'il datait bien l'origine de la crise actuelle de ces accords. Il dénonçait la lutte contre l'inflation et pour la rentabilité des capitaux comme horizon indépassable des politiques monétaires de tous les Etats membres du FMI, le chômage de masse et l'emploi précaire étant devenus les fléaux que l'on sait depuis, précisément, la fin des années 70. Au cours de son récit, Kruger exhibe soudain des notes qu'il a prises lors de ses échanges avec une certaine Bermann, qui semblait avoir retenu par cœur les arguments de Martin Schwartz. En 2004, le PIB américain a augmenté de 495 milliards de dollars. Dans le même temps, la dette progressait, elle, de 1920 milliards de dollars, soit quatre fois plus. De plus, Schwartz insistait sur le fait que la dette publique n'était que la partie émergée de l'iceberg : en 2004, tandis que la dette fédérale augmentait de 363 milliards, celle des entreprises progressait de 420 milliards et celle des ménages, de 1020 milliards. Sur les notes de Kruger, un schéma représente la courbe de l'endettement total américain : maintenu entre 120 et 130 % du PIB entre 1952 et 1982, ce ratio est passé de 130 à 150 % de 1982 à 1986 puis à près de 180 % en 1991, pour atteindre plus de 200 % en 2004.  Les accords de Kingston sont entrés progressivement en 222

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