En mémoire de Martin Schwartz

 Je m'appelle George Peck. Je crois que Shane Mac Leod a mentionné mon nom devant vous, hier.  En effet...  Dites-moi si je vous importune, et je vous laisserai aussitôt à votre petit-déjeuner. Je m'en voudrais beaucoup de le gâcher.  Non... asseyez-vous, je vous en prie. Ainsi s'engage un échange qui va durer toute la première partie de la matinée. Lucille est de bonne humeur et la courtoisie du vieux monsieur qui l'aborde rompt à ce point avec la brutalité de style d'un Stigler, qu'elle le laisse volontiers prendre place à ses côtés. Son visage est rond. Il porte des lunettes rectangulaires parfaitement proportionnées, d'une monture fine et discrète. Son menton est ovale et sa bouche, peu large, est faite de lèvres charnues. Son nez, enfin, est un appendice de grande taille qui donne tout son caractère à ce visage qui inspire, on ne sait pourquoi, une immédiate sympathie. Peck se présente et complète le peu d'informations que Shane lui a données, la veille. Kruger, le père de Shane et lui étaient des amis très liés, exerçant tous les trois le métier de journaliste, dans les années 60 à Washington. Ils s'entraidaient dans leurs enquêtes et se communiquaient des tuyaux. Ils ne travaillaient pas pour les mêmes supports mais souvent sur les mêmes sujets. Jimmy Mac Leod était particulièrement doué pour flairer de nouvelles affaires. Or, en 1967, il avait croisé Martin Schwartz tout à fait par hasard et cette rencontre devait le marquer du sceau du destin. 100

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