En mémoire de Martin Schwartz

Montreux, 2009, « A l'importance de la preuve, madame Schwartz » Lorsque Lucille s'installe à la terrasse de l'hôtel pour prendre son petit-déjeuner, elle se sent d'humeur joyeuse, presque badine, malgré un coucher tardif dû à de vaines recherches sur Internet dans un web café. Depuis le vol de la veille dont elle a été victime, privée du livre que lui avait légué son grand-père, elle ne dispose que de ce moyen fastidieux pour s'instruire sur les notions qu'il a listées dans sa lettre posthume. Elle ne remarque pas le petit homme au crâne dégarni qui la regarde s'approcher jusqu'à s'asseoir à une table, non loin de la sienne. Elle ne peut s'empêcher de penser aux deux hommes qu'elle a rencontrés la veille et s'interroge, amusée, sur le mystère que renferme l'idée de charme. On peut en être pourvu sans être beau ni même bien mis. On peut en être totalement dépourvu tout en ayant tous les attributs de la beauté plastique et corporelle. Et, dans un cas comme dans l'autre, sans que l'on soit capable de l'expliquer ou seulement de le justifier, cela s'impose à soi comme une évidence.  Madame Schwartz ? Le vieil homme s'est déplacé et se tient debout, devant elle.  Oui, c'est moi. 99

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