En mémoire de Martin Schwartz

Une semaine, jour pour jour, après sa rencontre accidentelle avec l’homme au mémo, Mac Leod voit son vœu exaucé en l’apercevant, qui s’approche à grands pas, sur le trottoir en face de celui où il se tient. Laissant passer son homme afin de le prendre en filature, il contourne lentement l’arbre derrière lequel il l’attendait. Puis, jugeant avoir laissé suffisamment de distance entre eux, il s’élance pour traverser la rue et engager son pas. De grande taille, relativement imposante, c’est une silhouette qu’il n’est pas difficile de suivre de loin. La marche dure ainsi quelques minutes. Puis, l’inconnu gravit soudain un petit perron et sonne à une porte. Il semble à son suiveur, placé trop loin pour en être certain, qu’il répète le geste d’appuyer sur le bouton de la sonnette, comme pour exécuter un code. L’instant d’après, il passe le seuil de la porte qu’on vient de lui ouvrir. En passant devant, sans ralentir son allure, Mac Leod note mentalement le numéro de l’entrée où a disparu l’inconnu qu’il suivait. Plus loin, assis dans un bus, il l’écrit sur un petit carnet à spirale sur une page où figurent l’heure et la date de sa rencontre, le titre de l’ouvrage de Locke, diverses initiales, suivies d’hypothèses à la forme interrogative. Relevant la tête, il regarde alors autour de lui les visages des gens présents dans le bus. Un léger sourire apparaît sur ses lèvres, sans qu’il soit à même de s’en rendre compte. Il entame une enquête dont il n’a aucune idée de là où elle va le conduire, à partir de bien peu d’indices, presque par instinct. Mais il a confiance en son instinct. Et il adore le métier qu’il exerce. 53

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